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V


Mes débuts furent plus heureux, sans être brillants.

Je chantai la ronde de Ma Nièce et mon Ours, vaudeville de MM. Clairville et de Frascati.

On sait que sous ce dernier pseudonyme se cachait un de nos célèbres financiers, M. Millaud, l’heureux et aimable directeur du Petit Journal.

En chantant cette ronde, je sentis renaître en moi l’espérance ; je me disais que des deux auteurs, l’un avait été acteur à Bobino et l’autre n’avait rien été du tout, et tous deux étaient arrivés à la célébrité et à la fortune.


Une partie du public, qui protégeait mademoiselle Flore, une grosse chanteuse, m’accueillit avec une froideur marquée.

Mais les nombreux troupiers qui se trouvaient là m’applaudirent à outrance.

L’armée française m’avait prise sous sa protection, qu’avais-je à craindre ?