L’impresario avait d’ailleurs pris l’habitude de payer ses comédiens le moins souvent possible.
Quand un acteur venait réclamer, le directeur répondait invariablement :
— Mon ami, je n’ai pas d’argent…
— Mais…
— Un peu de patience ! En attendant, j’augmente vos appointements.
C’est ainsi qu’un simple troisième comique était arrivé, d’augmentation en augmentation, au superbe chiffre de six mille francs d’appointements, inscrits sur le grand-livre du théâtre.
Mais un soir, l’acteur se fâche.
Quelques minutes avant le lever du rideau, il pénètre dans le cabinet du directeur, et dit :
— Monsieur, donnez-moi un à-compte ou je ne joue pas ce soir.
— Malheureux ! s’écrie le directeur, vous voulez donc me ruiner ?
— Cela m’est égal… je ne peux pas jouer… je n’ai pas encore dîné.
— Cher ami, dit le directeur, vous prenez de