Et je lui racontai tout.
— Si c’est ainsi, me dit-il, pardonnez-moi. Mais le danger est encore plus grand que je ne croyais… Mademoiselle, voulez-vous faire à un vieillard la grâce de lui rendre son unique enfant ?
— Non, m’écriai-je, non, car vous êtes riche, vous ; vous l’avez eu jusqu’à cette heure, et moi je suis sans famille, sans ami ; je n’ai que lui, et, lui parti, toute ma vie est brisée… morte !
Et, quittant vivement la chambre où nous étions, je courus en affolée au-devant de Paul, et je lui criai :
— Emmène-moi, emmène-moi, ton père veut m’obliger à te quitter !
Paul me prit dans ses bras comme on fait d’un enfant, et m’emporta.
Comment trouvâmes-nous une voiture ? comment le soir même étions-nous installés au Havre ? c’est ce que je ne saurais dire, tant j’étais à moitié insensée, à moitié délirante.