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— Mademoiselle, me dit-il, je suis le père de celui avec qui vous avez fui Paris depuis deux mois… J’ai beaucoup couru pour vous rejoindre, mais j’aurais couru longtemps encore, car je veux vous reprendre mon fils.

— Me reprendre Paul ? m’écriai-je.

— Je ne veux pas que cette liaison continue… Je pardonne et je comprends toutes les folies de la jeunesse, mais quand le côté sérieux de la vie est engagé, mon devoir est de m’interposer… Combien me demandez-vous, mademoiselle, pour me rendre mon fils ?


J’eus comme un étourdissement, mon cœur se mit à battre avec force.

Cette proposition, si brutalement faite, m’avait prise à la gorge et me coupait la voix.

Du même coup, toute ma vie passée me revint dans la pensée, et je voyais de loin ce père demandant à mes amis de Paris ce que j’étais et ce qu’il fallait me dire pour que je renonçasse à l’amour de son enfant.