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Nous étions partis pour la Belgique, et nous nous trouvions en Normandie.

J’étais étourdie de mon bonheur.

Paul m’aimait… moi, je l’adorais.


Un jour que nous étions en halte dans un petit village, aux environs de Rouen, j’étais seule dans une chambre de l’hôtel. Paul m’avait quittée pour aller prendre je ne sais quels renseignements, lorsque le garçon m’annonça qu’un étranger désirait me parler.

J’ouvris de grands yeux à cette nouvelle. Comment pouvais-je connaître quelqu’un dans ce village, et que pouvait avoir à me dire cet étranger, à moi, pauvre fille ignorée de tous ?

Je donnai l’ordre de laisser monter.


La porte s’ouvrit et l’étranger parut.

Je ne le connaissais pas, et pourtant, à sa vue, mon cœur se serra et je me sentis pâlir. Il me semblait que cet homme m’apportait une douleur, et venait renverser tous mes projets d’avenir.