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Ici, j’éprouve un certain embarras. J’ai promis au lecteur d’être franche et de tout dire, et ce que j’ai maintenant à raconter touche au côté le plus délicat de ma vie.

Je veux parler de mes amours.


II


Certes, je suis demoiselle et maîtresse de moi-même, or les artistes, à mon sens, ont cet étrange privilége de n’être pas tenues à une grande régularité de mœurs, mais à ceux qui me connaissent actuellement, à ceux qui ne voient en moi que la chanteuse folle, sans grande beauté, la gardeuse d’ours, enfin, je ne sais comment faire croire que, moi aussi, j’ai eu mon idylle, ma pastorale pleine de poésie et de douleur.

Et cependant rien n’est plus vrai.


Qui ne sait, d’ailleurs, que toute femme, si peu jolie qu’elle soit, gravit à un moment donné ce que j’appellerai le calvaire de l’amour ?