de faire un affront à cette pauvre Thérésa, tu vas être punie !
Et, s’adressant à nos camarades, Dumaine ajouta :
— Mes amis, il s’est passé un fait scandaleux… on a outragé une pauvre fille dans sa misère. Mettons le restaurant en interdit pour quinze jours. Que ceux qui ont du cœur me suivent… Je connais un petit bouchon à Belleville où l’on n’est pas mal du tout. Allons-y !
— Bravo, Dumaine ! s’écria la joyeuse bande.
Et nous allâmes dîner à Belleville.
Le repas fut fort gai.
Moi seule je restai triste et je ne mangeai pas ; la noble conduite de mes camarades ne put effacer le souvenir du sanglant affront que je venais de subir.
Je n’ai jamais rendu les dix francs à Dumaine ; il est des choses qu’on ne peut restituer sans froisser une nature délicate.
Aujourd’hui que je puis braver le courroux des créanciers farouches, aujourd’hui que j’ai