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Ils m’envient ma popularité, mes succès, l’argent que je gagne, que sais-je ?

Ils ne savent pas, les malheureux, que j’ai chèrement payé tout cela, et que j’ai acheté chaque heure de calme et de joie par des journées entières de misère et de désespoir.


À la fin du mois, quand j’avais épuisé ma petite bourse, Clémence me faisait généralement crédit jusqu’au commencement du mois suivant, quoiqu’elle eût contre moi une antipathie qu’elle ne cachait d’ailleurs pas.

Un soir, j’arrivai comme d’habitude à l’heure du dîner.

C’était vers la fin du mois… Il ne me restait plus d’argent depuis plusieurs jours, et je n’avais mangé qu’un petit pain… le matin, à neuf heures.

Jugez de mon appétit !


Au moment où j’allais me mettre à table, Clémence m’aborda brusquement :

— Que viens-tu faire là ?