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viande, à un dessert et à une demi-bouteille de vin.

Ces soupers avaient été établis dans l’intérêt des artistes, qui, après avoir débité leurs rôles toute la soirée, n’étaient pas fâchés de venir se refaire, suivant une expression du temps.


Ma grande joie était de prendre part à ces orgies.

Pauvre comme je l’étais à cette époque, il ne m’était pas permis tous les soirs de dépenser un franc vingt-cinq pour mon souper.

Aussi, lorsqu’il me semblait que j’avais suffisamment économisé pendant quelques jours, je m’offrais le luxe effréné d’un souper aux Mousquetaires.


Je dois dire même que j’y mettais un certain amour-propre, et que c’était avec un air profondément majestueux que vers onze heures, au café du Cirque, je laissais tomber de ma bouche ces paroles solennelles :

— Ce soir, mesdames, je soupe avec vous.