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LES IRRÉGULIERS DE PARIS.

Il terminait en promettant qu’il ferait tout pour obtenir une fontaine sur la place.

À ce moment un régiment passait dans la rue, tambours en tête. Comme il y avait un embarras de voitures, la musique s’arrêta sous ses fenêtres. Poupelin parut au balcon, salua et disparut. Il savait que dans la vie publique il ne faut pas se prodiguer.

Le lendemain, il se rendit à l’Élysée.

Poupelin entre, son portefeuille sous le bras ; il venait sans doute pour travailler avec le président, et, comme il était tard, il allait vite.

On l’arrête à la porte.

« Je vois, dit-il au fonctionnaire, que vous faites votre devoir en bon serviteur et en bon soldat. Votre nom, pour que j’appelle sur vous l’attention du Prince.

— C’est le vôtre qu’il faut nous donner, fit le gardien, que le costume hétéroclite de son protecteur inattendu laissait encore incrédule et défiant.

— Votre intelligence égale votre dévouement, » répondit Poupelin, et il jeta son nom.

On revint, quelques minutes après, répondre qu’on ne le connaissait pas.

« Dites, cria-t-il avec un geste à la Mirabeau, dites que c’est l’orateur des Charentais qui vient visiter l’élu de la Charente. »

Après trois quarts d’heure d’attente, pendant lesquels Poupelin croyait qu’on préparait les appartements, on le fit entrer.