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LES IRRÉGULIERS DE PARIS.

Il remarqua ce regard, et caressant le plastron de sa redingote : « Il faut être bien mis, dit-il. Du reste j’ai toujours aimé la toilette. »

Qui était-ce ? D’où venait-il ?

Il avait, douze ans auparavant, habité le même hôtel que moi, et, au bout de douze ans, il me reconnaissait. Je le reconnus aussi, et, comme il m’avoua avec franchise avoir tout sacrifié pour ses vêtements, et souffrir même de la faim, je l’emmenai pour le soutenir — et l’étudier.


Il s’appelle POUPELIN et prétend que c’est lui qui a fait l’Empire.


Personne ne se fâchera, pas même l’Empereur, j’espère, de ce récit où sont consignés les exploits et les malheurs du Warwick nabot.

Je vais prendre Poupelin à son début et le mener jusqu’à nos jours.

C’est un Saintongeois. Il était, en 1848, petit propriétaire campagnard dans deux ou trois communes de la Charente-Inférieure, et pouvait vivre de ses lopins de terre, s’il consentait à les cultiver. Mais Poupelin était allé jusqu’en troisième, et il avait lu Plutarque.

La république arriva, adieu les champs et le fumier ! Au lieu d’engraisser les poules, il se mêla d’élever des aigles. Poupelin se fit le patron de la candidature Louis-Napoléon Bonaparte.

On se souvient que c’est le département de la Cha-