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LE BACHELIER GÉANT



I


C’était le dernier jour de la fête à Montmartre. J’entendis un pître enrhumé aboyer sur les tréteaux d’une baraque, en frappant du bout d’un jonc sale sur la poitrine d’un géant peint à l’huile, autour duquel se pressaient, dans le tableau, des duchesses bleues et des diplomates cerise.

J’entrai, j’entre toujours : j’ai eu de tout temps l’amour du monstre. Il est peu de têtes d’aztèque ou d’hydrocéphale, de cyclope ou d’Argus, plate ou carrée, en gourde ou en table de jeu, que je n’aie tâtée, mesurée, sur laquelle je n’aie fait toc toc, pour savoir ce qu’il y avait dedans.

Je suis descendu jusqu’aux nains, et j’ai fait le tour des colosses ; j’ai serré dans mes bras des gens