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D’UN JEUNE HOMME PAUVRE.

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10 h. du soir, hôtel de l’Étoile, chambre 19.

Il fait sombre, il fait triste !

Hier, on était troublé par le bruit ; on l’est aujourd’hui par le silence. Rien que la voix des horloges qui se répondent d’une tour à l’autre ! Les autres jours on tend l’oreille, on compte les coups ; elles sonnent l’heure du travail ou du plaisir, marquent un accident, rappellent une promesse ou un devoir.

En ce moment, ces heures qui tombent une à une vous disent seulement que vous vieillissez, triste et inconnu, trouvant les journées longues, les années courtes !

On se prend à songer aux dimanches des jeunes années, aux bons dimanches de province qui passaient si vite, ceux-là ! Et dans cette solitude muette, en ce jour de trêve, où la voix du péril n’est point couverte par le bruit du combat, la fièvre tombe, le cœur s’en va…

La mansarde est triste comme la cellule d’un captif ou comme la chambre d’un exilé.

On se couche, et l’on ne dort pas ; on se met à table, et l’on fait de pauvre besogne.


Si cette page vous a paru chagrine et bête, pardonnez-moi.

Je l’ai écrite un dimanche.