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D’UN JEUNE HOMME PAUVRE.

adieu à la vie d’aventures, et met le pot au feu tous les dimanches. Que Dieu fasse bouillir la marmite !

LE RETOUR.

On revient machinalement vers son quartier. Les rues paraissaient tristes à midi. Qu’est-ce donc à cette heure ?

Tout est clos : c’est la nuit, c’est la mort.

Ces magasins, où hier se heurtaient des légions d’employés, où le luxe étalait ses merveilles dans des flots de lumière, ils sont vides, rangés comme des cercueils le long de la voie Appienne. On a éteint le gaz, fermé la porte, soufflé la chandelle. Et les passants vont tâtant les murailles, dérangeant les ivrognes, effarouchant les couples qui s’embrassent sous les portes cochères…

Quelques maisons sont encore ouvertes.

LES ÉPICERIES.

Mais l’épicier n’est plus l’être béat et vil que vous connaissez. C’est la fête dans la salle du fond. On dîne avec le frère et le beau-frère ; le patron, la patronne, et jusqu’à M. Théodore, le garçon au nez violet, tout le monde joue aux cartes autour de la table ronde. Ils ne viennent que quand on connaît