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LE DIMANCHE

sa pièce, des trous à son pantalon ; on n’a de courage à rien, on se sent pauvre, bête et lâche.

Les heures seront longues et tristes aujourd’hui.

C’est dimanche !

Tenez ! voici son parrain qui monte ; le M. Dimanche de Molière, revu et considérablement corrigé par la société nouvelle. On ne le roule plus aujourd’hui ; il n’est plus votre dupe, vous êtes sa victime ; il vous faut tôt ou tard passer sous les fourches caudines de ce Samnite.

Cependant le créancier du septième jour n’est pas le même que le créancier de semaine. C’est souvent un compatriote qui, parce qu’il est de votre endroit, vous a fait à crédit un habit et un pantalon noir, costume de cérémonie que vous avez traîné dans toutes les brasseries et abreuvé de bière du Nord. Il vient donc, le dimanche, comme un ami après son travail, vous parler de ses petites affaires, de ses petits enfants, et vous montrer la petite note ! Il vous prend par la pitié, pleure dans vos draps, vous offre vos effets, les brosse, et il ne faut pas moins pour le chasser que l’arrivée d’une visiteuse, que vous faites passer pour une marquise, votre maîtresse, en le faisant passer, lui… par une autre porte.

Il part, vous ouvrez ; c’est la blanchisseuse ! Cette femme — du monde qui savonne — vous apporte le linge hebdomadaire avec un papillon blanc taché de noir piqué au ventre d’une chemise. Vous connaissez l’insecte ; il y en a une collection dans votre tiroir marquée en chiffres connus. Celui-ci est gros :