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LES VICTIMES DU LIVRE.

vie d’émotions ardentes, coupables… comme dans Couprre, d’autres prononcent Cauau père.

Cela ne les empêche pas d’être bons garçons, de jouer au bésigue dans les cafés, et de dire la leur quand chacun dit la sienne — mais tous ne se résignent pas ainsi !

J’en sais qui poussent la farce jusqu’au bout, et se condamnent au corsaire forcé pour la vie : gens qui se font une figure en coin de rue qu’on dépave, qui posent pour le front pâle, le regard dur, qui donneraient cent sous d’une ride, et feraient des billets pour une cicatrice.

Ils portent chez eux leur bonnet de coton à la Masaniello, dans la rue leur panama en sombrero, leur pet-en-l’air en veste de combat, muets ou bruyants, tout glace ou tout feu, tombe ou trombe, comme dirait Hugo ; — cela dépend de la coupe de la barbe et de la couleur des cheveux. Les nuances du reste ont traité à l’amiable : — le blond a pris l’énergie froide, le brun l’énergie sauvage… L’un raille et l’autre blasphème, l’un ricane et l’autre hurle.

Ces gaillards-là sont comiques au café, dehors, au soleil ; mais chez eux, dedans, ce sont des monstres. — Ces énergiques de carton, qui veulent se donner des airs de commandeurs du sud, cassant le fouet sur le dos des esclaves, de négriers jetant, quand le croiseur les chasse, leur lest de chair humaine dans l’océan, et qu’on s’obstine à ne pas craindre, ils se vengent de la bienveillance bles-