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UN RÉFRACTAIRE ILLUSTRE.

— Je ne croyais pas vous blesser, reprit-elle timidement. On vous laisse votre liberté, vous pouvez tailler votre plume à votre fantaisie et parler franc. M. X…, lui, a de suite accepté, et à lui on n’a pas laissé toute liberté. Pour la moitié moins, il s’est vendu… »

Tous ceux qui ont fait un peu de littérature et fréquenté quelques hommes de lettres savent ces faits comme moi. Le nom du gentilhomme généreux leur est connu. L’X perfide n’est pas pour eux un mystère. Le public l’ignore sans doute. Je n’ai pas voulu lever ces voiles si transparents, mais donner le récit des faits, tel que Planche nous l’a fait souvent. Et ces jours-là, il en disait bien d’autres ! Ce pauvre X était singulièrement maltraité. Planche croyait très sincèrement aux choses dont il parlait ; mais j’aime à croire, je dis plus, je suis convaincu qu’il se trompait.

Puisque je suis sur le chapitre du grand critique encore quelques anecdotes, et tout est dit. Je puis bien me laisser aller à causer de lui. Ce sont peut-être les derniers mots d’amitié qu’on dira sur cet homme. Qui m’en voudra de m’arrêter une heure encore devant sa tombe ? Je commence par les petites histoires qu’il racontait à tout le monde pour finir par celles qu’il ne confiait qu’à quelques-uns.

Un jour il se rend chez Balzac, rue Richelieu ; on n’arrivait au grand romancier qu’à force de ruse et d’intrigue. Il fallait — pour atteindre seulement l’escalier, — déployer toute l’habileté de Philippe, et encore