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UN RÉFRACTAIRE ILLUSTRE.

— Il va se passer des choses délicates. Votre vache pourrait bien être tuée, et ce serait dommage. »

En même temps il flattait la bête, tandis que les témoins marquaient les pas.

« Emmenez-la, c’est plus sûr. »

Et le bonhomme tout bêtement d’emmener la vache assez loin pour qu’on ne la vît plus.

« Voilà déjà une précaution prise, n’oublions pas l’autre, dit Gustave Planche. Ôtons ma montre ; si je suis touché, les éclats du verre pourraient bien me blesser. » Il avait une montre en ce temps-là, et de la prudence, comme vous voyez. Dieu merci, personne ne fut touché, ni M. de Feuillide, ni la vache, ni les témoins. L’un d’eux du reste avait eu soin, dit-on, de chercher un abri. On ne se met pas à l’ombre des pâquerettes, quand on a cinq pieds six pouces, mais un homme de taille moyenne peut se cacher dans le creux d’un arbre. C’est là qu’un des témoins attendait l’issue du combat. Les deux adversaires étaient de grands journalistes, mais surtout de grands maladroits, et l’on a bien raison de se mettre à couvert quand on court de pareils risques.

Est-ce à cette époque, est-ce plus tôt, est-ce plus tard qu’il fut nommé, par M. de Salvandy, professeur de littérature étrangère à Bordeaux ? Je ne sais, mais il riait bien fort, le grand critique, en racontant sa visite au ministre. Il va le remercier. « Je suis prêt à accepter, mais à peine ai-je quelques notions de langues étrangères. Ainsi, je ne connais pas un mot d’espagnol.