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LES IRRÉGULIERS DE PARIS.

coup d’hommes en France aient plus industrieusement lutté dans l’ombre, contre la misère.

Il ne s’est jamais mis au lit sans avoir mangé, le Pallicare, et il a toujours eu un coin, caisse ou sépulcre, pour se coucher.

Tout lui a payé tribut : les hospices et les casernes, les tripots, le collège, les religions, le cimetière !

Il a dîné cent fois à la table des internes, dans les différents hôpitaux de Paris. On l’a, comme tant d’autres, admis par complaisance dans des services où il prenait le temps de se refaire.

À la suite d’une maladie de ce genre, il fut admis comme convalescent à l’asile de Vincennes. Il y avait là une bibliothèque et un bibliothécaire ; ce bibliothécaire mourut. Chaque faillit le remplacer.

On le connaît dans les casernes. Il y va donner des leçons de grammaire ou de géographie, raconte l’histoire de l’Empire, sans oublier ses campagnes en Grèce. Il fait des copies de mémoires pour les officiers, aide le sergent-major dans ses comptes, et prête le 101e aux engagés. Aussi la meilleure soupe est-elle toujours pour lui ! Il a le dessus du rata et toujours un verre de mêlé à la cantine. À la porte, les pauvres mendient sa protection, et le sergent