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mes chargés de cartouches, vieux chefs de barricades, qui vont tout d’un coup crier : « Vive Barbès ! » et planter le drapeau rouge.

Le rouge, il s’étale en fromage sur la tête de quelques étudiants à cheveux longs.

Sont-ce des chefs, ces porte-bérets ? Si ce sont des chefs, qu’ils le disent ! Mais ils sont bien jeunes et ont diablement l’air de première année !

Cependant, dans le tas — comme dessus du panier — un de ces bouchons rouges couvre une bouteille, où il m’a l’air d’y avoir du vin généreux. Cette bouteille est un garçon blond, aux grands yeux gris, au front large, à la mine un peu pensive.

Il n’a pas le bouchon sur l’oreille ; il l’a planté droit ; comme s’il ne voulait pas crâner avec sa coiffure, mais arborer du rouge, simplement parce que c’est la couleur républicaine. Ce porte-béret me va et je le suis d’un œil ami dans la foule.

Il n’est pas seul, il a avec lui un autre béret et quelques camarades qui me bottent aussi. Ce groupe-là m’inspire de la confiance ; si on se bûche, je suis sûr qu’ils en seront.


On se bûche !


Le feu a pris aux poudres par une provocation des Saint-Vincent de Paul.

Les Saint-Vincent se sont insolemment plantés sur les marches du grand escalier.