Il avait raison ! On n’a pas voulu croire que je parlais pour tout de bon.
L’imprimeur m’a répondu :
« Il fallait venir à douze ans.
— Mais à douze ans, j’étais au bagne du collège ! Je tournais la roue du latin.
— Encore une raison pour que je ne vous prenne pas ! Par ce temps de révolution, nous n’aimons pas les déclassés qui sautent du collège dans l’atelier. Ils gâtent les autres. Puis cela indique un caractère mal fait, ou qu’on a déjà commis des fautes… Je ne dis point cela pour vous qui m’êtes recommandé par monsieur, et qui m’avez l’air d’un honnête garçon. Mais, croyez-moi, restez dans le milieu où vous avez vécu et faites comme tout le monde. »
Là-dessus, il m’a salué et a disparu.
— Que vous disais-je ? a crié le journaliste. Vous vous y prenez trop tard, mon cher ! Des moustaches, un diplôme !… Vous pouvez devenir cocher avec cela et avec le temps, mais ouvrier, non ! Je suis forcé de vous quitter. À bientôt. »
Je suis resté bête et honteux au milieu de la rue.
Eh bien non ! je n’ai pas lâché prise encore ! et dans ce quartier d’imprimerie j’ai rôdé, rôdé, comme le jour où je cherchais Torchonette.
J’ai attendu devant les portes, les pieds dans le ruisseau ; dans les escaliers, le nez contre les murs ; il a fallu que deux patrons imprimeurs m’entendissent !
Ils m’ont pris, l’un pour un mendiant qui visait