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ri et chanté, jusqu’à ce qu’Angelina ait dit qu’il était temps de chercher où me coller pour la nuit.

La concierge à qui l’on a parlé de l’affaire Truchet me logerait bien s’il y avait de la place, et me ferait crédit d’une demi-semaine. Mais tout est pris.

Elle se rappelle heureusement que les Riffault lui ont parlé d’un cabinet qui est libre. Les Riffault tiennent un hôtel rue Dauphine, 6, près du café Conti.

Elle écrit avec son orthographe de portière un mot pour les Riffault qu’elle connaît, et qui ont été concierges, comme elle, avant de s’établir.

Avec ce mot, gras comme les doigts du charcutier qui a vendu les côtelettes, je vais en compagnie de Matoussaint, rue Dauphine, et quoiqu’il soit minuit, on m’ouvre et l’on me conduit au cabinet libre.


J’y arrive par une espèce d’échelle à marches pourries qui a pour rampe une corde moisie et graisseuse ; au sommet, entre quatre cloisons, une chaise dépaillée, une table cagneuse, un lit tout bas, en bois rouge, recouvert d’une couverture de laine poudreuse — poudreuse comme quand la laine était sur le dos du mouton ; — l’air ébranle la fenêtre disjointe et passe par un carreau brisé.

Matoussaint lui-même semble effrayé ; il a failli se casser les reins en descendant l’échelle.

« Tu es tombé ?

— Non. »

Mais je sais que Matoussaint n’aime pas à avouer qu’il est tombé, et il riait toujours (bien jaune) quand