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plus que celle des rebelles, autant être un rebelle au nom d’une idée et d’un drapeau !


Messieurs, quand il vous fera plaisir.


Minuit.

Mon père est enterré au milieu des herbes… Les oiseaux lui ont fait fête quand il est venu ; c’était plein de fleurs près de la fosse… Le vent qui était doux séchait les larmes sur mes paupières, et me portait des odeurs de printemps… Un peuplier est non loin de la tombe, comme il y en avait un devant la masure où il est né.

J’aurais voulu rester là pour rêver, mais il a fallu ramener ma mère. Je lui ai demandé encore, comme une douloureuse faveur, de me laisser seul en face de moi-même dans la chambre vide.

Le lit garde pour tout souvenir du cadavre disparu un pli dans le grand drap et un creux dans l’oreiller.

Dans ce creux, j’ai enfoncé ma tête brûlante, comme dans un moule pour ma pensée…


Où en suis-je ?

Où j’en suis ?

Voici — Comme mon père n’est pas mort assez vieux, comme ils l’ont tué trop jeune, ma mère n’aura qu’un secours, pas de pension : 400 francs par an qui peuvent même lui manquer un jour ; mais, en ajoutant ce qui constituait ma rente de 40 fr. par mois, et avec une quinzaine de mille francs cachés, paraît-il, dans un coin, elle aura des habits, un toit et du pain.