Page:Vallès - Le Bachelier.djvu/438

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

XXXIII

JE ME RENDS

Une lettre à mon adresse m’attendait dans mon garni.

Elle est du vieux professeur qui m’avait annoncé la séparation entre mon père et ma mère.

J’apprends aujourd’hui que la séparation est éternelle !

Mon père est mort, — mort du cœur.

Il est mort dans les bras d’une étrangère, celle qu’il avait emmenée avec lui. Elle est restée, me dit la lettre, jusqu’au dernier moment à ses côtés ; mais, dès qu’on a pu redouter un malheur, prise de remords ou ayant peur du cadavre, elle a fait prévenir du danger celle dont elle avait, par amour, volé la place. Ma mère a pu arriver à temps pour ensevelir celui que depuis longtemps elle pleurait vivant.

Il faut que je parte moi-même, sur-le-champ, dans une heure, si je veux arriver avant qu’on l’enterre.