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assez ému, et Matoussaint me tient encore très serré.

À la fin, il me rend ma liberté : nous nous repeignons, et il me demande en deux mots mon histoire.

Je lui conte mes courses après Torchonette.

« Il n’y a plus de Torchonette : celle que j’aime maintenant se nomme Angelina. Je vais t’introduire. Suis-moi. — Et il m’emmène devant mademoiselle Angelina.


— Je te présente un frère — un second frère, Vingtras, dont je t’ai parlé souvent, et qui vient rompre avec nous le pain de la gaieté, (se tournant vers moi) tu viens pour ça, n’est-ce pas ?

Notre avenir doit éclore
Au soleil de nos vingt ans.
Aimons et chantons encore,
La jeunesse n’a qu’un temps !

Tous au refrain, hé, les autres !

Aimons et chantons encore,
La jeunesse n’a qu’un temps !


Angelina est une grande maigre, pâle, au nez pointu, mais aux lèvres fines.

« Ah ! tu sais, dit-elle, après être allée au refrain, le boulanger est venu, et il a dit qu’il ne monterait plus de jocko si on ne lui payait pas la dernière note.

— Et Royanny ?

— Royanny ! il est sorti pour voir si on voudrait