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XXX

SOUS L’ODÉON

Je n’ai pas vu un seul de mes anciens camarades depuis que je cours après les places de commerce. Ils ne pourraient m’aider à rien.

Puis ils me blagueraient !

« Vingtras qui se fait calicot ! »

J’ai couru après Legrand.

« Notre vie isolée est bien triste. Veux-tu que nous restions ensemble ? »

Il a sauté sur l’idée.

C’est entendu, nous n’aurons qu’un toit, nous n’aurons qu’un feu et qu’une chandelle. Ce sera moins cher, puis on se serrera contre la famine. Et nous avons loué rue de l’École de Médecine une chambre meublée à deux lits.

C’est sombre, c’est triste, ça donne sur un mur plein de lézardes, noir de suie, vieux, pourri. C’est au-dessus d’une cour où un loup se suiciderait.

Nous vivons comme des héros, nous menons une