Page:Vallès - Le Bachelier.djvu/394

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vous garder ! Ce serait vous voler votre temps — ce qui n’est pas honnête et ne m’avancerait à rien.

« C’est moi qui suis coupable d’avoir pu croire qu’un garçon lettré et d’imagination pouvait se rompre à la méthode et à l’argot commercial. Jamais vous n’aurez ce qu’il faut. Vous avez autre chose, mais ce serait folie de rester ici. Ne pensez plus au commerce, croyez-moi, et cherchez une voie plus en rapport avec votre intelligence et votre éducation. »

J’ai traversé la cour entre les deux rangées d’établis logés contre les vitres sur la longueur des ateliers.

Un apprenti qui avait entendu la scène avait porté la nouvelle de ma déconfiture.

C’était triste de passer sous le feu de cette pitié !


Mon intelligence — mon éducation !

Comment devient-on bête ? Comment oublie-t-on ce qu’on a appris ? Que quelqu’un me le dise bien vite ! Criez-le-moi, vous qui n’avez pas fait vos classes et qui gagnez le pain quotidien !