J’attends les réponses.
Quatre jours, huit jours, quinze jours ! Rien !
Faut-il écrire de nouveau ? mais les timbres ?…
Un dernier effort, voyons !
Serrons la boucle, mangeons du pain bis — sans rien autre pendant deux jours — et affranchissons deux lettres encore.
J’ai eu de la peine pour les enveloppes ! Il ne m’en restait qu’une de propre — l’autre était vieille. — J’ai dépensé sur elle un sou de mie pour la nettoyer. Elle a mangé le quart de mon déjeuner, la malheureuse.
Enfin, je reçois une lettre du père Civanne.
« J’ai fouillé mes souvenirs, et me suis rappelé que le père d’un de mes anciens élèves, M. Bonardel, est un grand fabricant de Paris…
« Il trouvera peut-être à vous employer pour la correspondance, pour l’anglais. N’avez-vous pas eu un prix d’anglais ?
« Ci-joint la lettre pour M. Bonardel. »
M. Bonardel reste du côté de l’Hippodrome, dans une grande maison qui me fait peur par son silence… C’est sa demeure privée.
Je m’adresse au concierge :
« M. Bonardel y est-il ?
— Non, il n’y est pas. »
Un « il n’y est pas » insolent comme un coup de pied.