agonisant de douleur, mais l’Université a ses mouchards, et tôt ou tard c’était, non plus la disgrâce, mais la destitution. C’est votre mère qui a fait la première le sacrifice. « Oui, il vaut mieux que nous nous séparions ! » Elle a éclaté en sanglots, et a embrassé votre père comme j’ai vu embrasser des morts avant qu’ils fussent mis dans la bière.
Je croyais que vous saviez cette histoire. Sans doute, ils n’ont pas encore osé vous la dire !
Le soir même de notre entretien — c’était le 31 — le père de Collinet est venu me voir et m’a apporté mes quarante francs.
— Vous viendrez les chercher à la maison, désormais, tous les premiers du mois.
Il n’a rien ajouté, et je n’ai rien demandé. Mais j’ai écrit à ma mère.
Ma plume a longtemps hésité ; j’ai raturé bien des lignes, j’ai même effacé un mot sous des larmes que je n’ai pu retenir. Je ne savais comment ménager son cœur.
Elle m’a répondu.
« Oui, mon fils, ton père et moi, nous sommes séparés, séparés comme si la mort avait passé par là. Je te demanderai même comme une grâce de ne plus prononcer son nom dans tes lettres ; fais-moi cette charité au nom de ma douleur. »
Par le vieux professeur, qui est revenu me voir,