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« Vous avez l’air trop bon garçon ! »

Ma commande file à vau-l’eau ! Si j’ai l’air trop bon garçon, je suis perdu ! — Je me fais une figure noire, un rire vert, des yeux jaunes…

M. Poirier semble plus rassuré, et me priant de m’asseoir :

« On peut toujours essayer, dit-il, nous verrons de quoi vous accoucherez ! Je vais vous conter la chose. Suivez-moi bien ! Il y avait une fois un huissier et sa femme, qui étaient les gens les plus canailles du pays ; l’homme, grand comme une botte — la femme, tordue comme un tire-bouchon ; — ils avaient un chien qui avait la queue en trompette. — Voilà votre canevas ! Ils s’appelaient Mussy — allez-y ! — Il faut qu’ils en crèvent… l’homme, la femme et le chien. »

Il s’agit donc de les faire crever !…

Je passe d’abord à la bibliothèque où je consulte les satiristes, pour me mettre en train. J’attrape un mal de tête seulement. Enfin j’accouche dans ma nuit de cinq malheureux couplets. Qu’en pensera M. Poirier ?

Je lui écris.

Il me répond :

« Je suis justement mieux. Je sors demain de chez Dubois. J’ai invité des cousins du Nivernais pour écouter votre chanson. — Rendez-vous à midi chez Foyot ; vous chanterez votre affaire au dessert. »


Le lendemain, déjeuner à la Gargantua. Pâté de