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Qu’a-t-il besoin de mettre le doigt sur ma misère ! Est-ce qu’il vient pour m’offrir l’aumône ?

« Qu’est-ce que vous faites maintenant ? Est-ce encore des petites machines comme les choses dans la Revue de Monnain ?

— Vous savez donc que j’écrivais ?

— Un ami de Monnain, qui est venu faire la troisième à Nantes, nous l’a dit, mais je n’en ai pas été bien content, entre nous ! Vous, le républicain, vous avez été bien pâle. »


Je ne me suis même pas donné la peine de lui expliquer pourquoi il m’avait trouvé si pâle.

Mais je lui ai lu l’article vert que j’étais en train d’écrire.

« Trouvez-vous ceci meilleur ?

— Certes ! mon cher, c’est superbe ! »


Quelques jours après, je sortais du journal où mon manuscrit avait été lu, même applaudi. J’avais vu à la façon dont les domestiques et les petits m’avaient salué quand j’étais sorti, que j’avais pied dans la place.

Mais j’ai trouvé une lettre de mon père, en rentrant chez moi.

« M. Creton nous a dit que tu vas écrire contre les grands universitaires… Tu veux donc me faire destituer ?… Quand paraît l’article ? Quand nous ôtes-tu le pain de la bouche ?… Nous trouveras-tu un lit à l’hôpital, après nous avoir jetés dans la rue ? C’est ainsi que