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BAS, LES CŒURS !

J’ai fait connaissance de Mariani, qui était jadis chroniqueur à l’Illustration. Il fonde un journal hebdomadaire, et il a demandé à Renoul quelques garçons de talent pour composer la rédaction.

« Quel sujet ? voyons ! me demande M. Mariani.

— Je ne sais trop…

— Avez-vous étudié telle ou telle question ?

— Je n’ai rien étudié en particulier, — ni en général, il faut bien le dire. J’ai habité le Quartier Latin, — on n’y étudie guère !…

— Le quartier Latin ? Voulez-vous le raconter ? Est-ce entendu ? Un article, deux, trois, si vous voulez, intitulés : La jeunesse des Écoles. Le titre vous va-t-il ? »

Il sonne bien, en effet.


Je suis rentré chez moi tout ému.

J’ai bien de la peine au commencement ; je veux toujours parler des gymnases antiques, des jeunes Grecs, de la robe prétexte, etc., etc. C’est ma plume qui écrit tout cela contre mon gré ; elle se refuse à me laisser entrer dans l’article, rien qu’avec mes souvenirs et mes idées, à moi Vingtras, sans nom, sans le sou, qui ai mis mes pieds dans du vieux linge pour n’avoir pas froid en travaillant.

Enfin, le voilà, mon article, tel qu’il est avec ses