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Je monte au deuxième et trouve une autre plaque :

BUREAU DE RÉDACTION
de 11 h. à 4 h.
Tournez le bouton, S. V. P.

Je tourne, et m’y voici.

Comme il fait noir ! Les volets sont baissés, les rideaux tirés — pas un chat !

J’entends un bruit de paille.

« Qui est là ? » dit une voix qui vient d’une autre chambre et n’est pas reconnaissable ; je ne suis pas sûr que ce soit celle de Matoussaint…

J’ai recours à un subterfuge, et avec l’accent d’un pauvre aveugle, je chante dans l’obscurité :

« Je suis un abonné de la Nymphe


— Vous êtes l’Abonné de la Nymphe ? »


Le bruit de paille et des paroles entrecoupées recommencent.

« L’Abonné… l’Abonné… Mais où est donc mon caleçon ?… L’Abonné !… »

Matoussaint (c’est bien lui), apparaît en se boutonnant.

« Comment ! c’est toi !… Tu ne pouvais pas te nommer tout de suite ?… Tu me fais croire que c’est l’Abonné ! Je me disais aussi, ce n’est pas sa voix.

— Ils n’ont pas tous la même voix, tes abonnés ?

— Mes abonnés ? — pas mes ! — mon ! Nous avons