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toujours comme habits de visite que le pantalon de Tertroud et le paletot d’Eudel, si seulement ils veulent me les prêter de nouveau. J’ai cela — et les épingles…

J’aurais encore l’air distingué, c’est possible, si je m’assieds sur la pointe, mais je préfère avoir l’air plus commun et ne plus souffrir comme j’ai souffert. La place est encore si sensible !

M. Joly me fait savoir que j’ai à ouvrir mon cours le lundi suivant.


Quelles luttes tous les lundis !

Dès le vendredi, l’inquiétude me prend, et je tremble de ne pas pouvoir arriver !

Je vais emprunter des habits comme il faut chez l’un, chez l’autre.

Je me lie avec des gens qui ne sont ni de mon éducation, ni de ma race, mais qui sont de ma grosseur et de ma taille. Il faut être de ma grosseur maintenant, avoir ma ceinture, pour devenir mon ami.

— Que pensez-vous d’un tel, me demande-t-on quelquefois ?

— Un tel ? — Ses pantalons pourront-ils m’aller ? »

Moi, si difficile comme opinions, moi, le pur, je porte des vêtements appartenant à des nuances bizarres comme couleurs, ce qui n’est rien, mais dissemblables aussi comme opinion ! — ce qui est grave !

Des vêtements de républicains modérés, que j’aurais fait fusiller si j’avais été vainqueur, et qui me tien-