Il me demande si je voudrais pistonner le môme.
— Comment donc !
— Nous ferons en même temps de la savate, me dit-il.
Il ne me procure la leçon que pour tirer avec moi, prendre mon entrain, ma furie d’attaque.
Je m’en aperçois dès le premier jour. — Il dit au bout d’une demi-heure de grec :
— C’est assez, ça fatiguerait Georges.
Il ferme bien vite les cahiers, m’accroche par la manche et m’emmène dans une grande pièce, où il tombe en garde.
— Allons-y !
Il me paye les leçons de son neveu 5 francs, m’en laisse donner pour 30 sous, et me demande 3 fr. 50 de chausson.
Je dois à mes pieds de gagner ces 5 francs deux fois par semaine.
C’est mes pieds qu’il faudrait couronner, s’il y avait encore une distribution de prix.
— Y êtes-vous ? Pan, pan, pan.
— Dans l’estomac, houp ! à moi, touché.
— Oh ! là ! là ? J’ai laissé la peau de mon nez sur votre gant…
C’est vrai — la peau est sur le cuir, le nez est à vif.
J’ai avancé le nez exprès : En me le laissant écraser de temps en temps, j’aurai la répétition, toute ma vie.
Malheureusement, ce fanatique du chausson a voulu faire le brave, un soir, contre des voyous. Ils lui ont cassé la jambe…