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camarades du père Noirot, mon voisin. Je me suis moi-même aligné, et l’on s’est touché la main, comme on fait en public, sur la sciure de bois.

Le saltimbanque m’a emmené après l’assaut à la Barrière du Trône, où est sa baraque.

Pour rire, je suis entré avec lui un dimanche matin chez les monstres ; je les ai vus en déshabillé. De fil en aiguille, nous sommes devenus deux amis et l’on a fini par me faire des commandes dans les caravanes célèbres.

C’est surtout pour les Alcides que j’ai à travailler.

On me demande des affiches d’avance pour faire imprimer les soirs de grande séance en province. J’en prépare qui sont des épopées.

Mes connaissances classiques me profitent enfin à quelque chose ! Je puis placer de l’Homère par-ci, par-là ; parler de Milon de Crotone, qui faisait craquer des cordes enroulées sur sa tête ; parler d’Antée qui retrouvait des forces en touchant la terre !

Il ne m’avait servi à rien dans la vie, jusqu’à présent, d’avoir fait mes classes, mais ça me devient très utile à la Foire au pain d’épice.

Puis un hasard m’a mis sur le chemin d’une relation aimable.

Le Savatier mon voisin n’était pas un maladroit et connaissait les gloires du chausson. Il pria Lecourt, le célèbre Lecourt, de venir figurer dans une salle au bénéfice d’une veuve de confrère.