— Demandez cher ! me disait-on
J’ai demandé cher.
— C’est trop, ont répondu les payeurs.
— Demandez moins !
J’ai demandé moins.
— C’est un gueux, a-t-on murmuré en me toisant.
Chaque fois qu’une lettre de recommandation, prise je ne sais où, arrachée par mon génie à celui-ci ou à celui-là, m’a amené jusqu’à un salon ; dès que j’ai rencontré une oreille forcée de m’écouter, j’ai offert mes services au prix le plus haut ou le plus vil, suivant qu’il semblait répondre au cadre dans lequel vivaient les gens à qui je m’adressais.
Mais on m’a toujours éconduit !
Ces recommandations étaient toutes de hasard — de bric et de broc. Je ne connais personne haut placé ou puissant.
Puissant, haut placé ! Il faut appartenir à l’empire ! Je ne puis pas, je ne dois pas, je ne veux pas être protégé par les gens de l’empire. Plutôt l’hôpital !
Il ne manque pas de pieds à lécher. Pour me payer de la lècherie, on me jetterait peut-être une situation. Je n’ai pas la langue à ça !
Par mon origine, je n’ai de racines que dans la terre des champs — point dans la race des heureux ! Je suis le fils d’une paysanne qui a trop crié qu’elle avait gardé les vaches et d’un professeur qui a bien assez de chercher des protections pour lui-même !… Il