couloir de préfecture… du cabinet du commissaire — je m’y connais ! — du corridor où l’on attend le juge d’instruction comme témoin ou comme accusé…
On parlait à voix basse. Le patron arrive. On se tait — comme au collège.
Tous ici, pourtant, nous sommes taillés pour faire des soldats !…
J’appréhende le moment où mon tour viendra !
C’était bon avec le père Firmin, qui me traitait en favori, chez lequel j’étais entré derrière Matoussaint. Mais M. Fidèle, le placeur de la rue Suger, M. Fidèle ne m’a jamais vu encore, et M. Fidèle a une tête peu engageante, une tête jaune, verte, avec des lunettes bleues et des moustaches noires collées sur la peau comme une fausse barbe de théâtre ; des cheveux longs et plats, des dents gâtées.
Je n’ai pas peur des gens qui ont la mine féroce ; mais je tremble devant tous ceux qui ont des faces béates. Je préférerais être en Décembre, devant le canon de Canrobert !
Mon tour est arrivé, M. Fidèle m’interroge :
« Que voulez-vous ? Avez-vous déjà enseigné ? Quels sont vos états de service ? Avez-vous des certificats ? »
Il me demande cela d’une voix dégoûtée et irritée ; il paraît écœuré de vivre sur le dos des pauvres ; il trouve trop bêtes aussi ceux qui pensent à gagner le pain moisi qu’il procure !
Mes certificats ? Je n’en ai pas ! Je n’ose pas dire