Page:Vallès - Le Bachelier.djvu/230

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Eh bien ! si vous êtes fier, rien de fait. Il ne faut pas de gens fiers ici. »

Je tremble pour Legrand, je joue sa vie en ce moment !

« Il y a fierté et fierté… »

Je mets des demandes de secours pour les noyés dans ma voix !

« Allons, je vois que vous ne l’êtes pas — pas plus qu’il ne faut, toujours. Venez demain à sept heures ; ayez votre sifflet… »


Un gros, un petit sifflet ? — je ne sais pas.

J’achète ce que je trouve, en bois jaune, avec des fleurs qui se dévernissent sous ma langue.


J’arrive le lendemain à sept heures du matin.

« Vous sonnerez, puis vous sifflerez trois fois ! » m’a dit le concierge la veille.

J’arrive, je sonne et je siffle ! J’ai l’air d’un capitaine de voleurs.

On m’ouvre. Je suis venu un peu plus tôt qu’il ne fallait.

« Il n’y a pas de mal, dit le concierge, je m’habille ; asseyez-vous. »


Il me parle en chemise.

— Tel que vous me voyez, je suis concierge de l’Institution depuis dix ans ; pendant neuf ans c’était un autre que M. Entêtard qui tenait la boîte. — Il y faisait de l’or, monsieur ! — Mais M. Entêtard est un mal-