Je me précipite dans la place, et à peine entré, je crie de toutes mes forces le nom du placeur :
— Monsieur Firmin !…
Je crie ça, comme on appelle un numéro de fiacre à la porte d’un bal ! Je le crie sans m’adresser à personne, la tête en l’air, et fermant les yeux pour prouver que je ne suis pas un espion et que je ne viens pas pour les caleçons, ni pour les saucisses, ni pour les confitures.
Je répète en fermant encore plus les yeux, comme s’il y avait du savon dedans :
— Monsieur Firmin, monsieur Firmin !
Une main me prend, et je sens que l’on me conduit dans une petite salle.
« Ne criez pas si fort !… »
Je le faisais dans une bonne intention.
Je suis enfin devant M. Entêtard, qui regarde la lettre de Firmin et me dit :
« Monsieur, vous savez les conditions ? quinze francs par mois, le déjeuner au pupitre et vous fournissez le sifflet. »
Je m’incline — décidé à ne m’étonner de rien.
M. Entêtard a encore un mot à ajouter.
« Une observation ! Êtes-vous fier ? »
Je pense qu’il aime les natures orgueilleuses, ardentes.
« Oui, monsieur, je suis fier. »
J’essaie d’avoir un rayon dans les yeux. Je redresse la tête quoique mon col en papier me gêne beaucoup.