Page:Vallès - Le Bachelier.djvu/219

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

passe mon bras dans l’escalier, et je fais prendre l’air à ma tartine qui s’imbibe de l’odeur de friture dont la maison est empestée.

Je ne vole personne et j’ai un petit goût de poisson qui me tient lieu d’un plat de viande. De quoi me plaindrais-je ?

J’aurais pu tomber sur une de ces grandes chambres tristes où l’on a toute la place qu’on veut pour se promener !

Se promener, et après ? Flâner, toujours flâner, au lieu de réfléchir ! Se dandiner, faire aller ses jambes de droite et de gauche dans un grand lit — comme une courtisane ou un saltimbanque !


Vendredi, 7 heures du soir.

Ils ont dû laisser tomber une sole dans le feu, en bas ! C’est une infection — elle ne devait pas être fraîche… non plus !…


Samedi, 7 heures du matin.

Tiens ! une de mes deux punaises !

Pas de fla fla.

Je vis comme cela sans faire de fla fla, dans mon petit intérieur.


Tout s’arrange bien. Je n’ai pas de quoi manger beaucoup, mais je me dis que si je menais une vie de goinfre, j’engraisserais et ne pourrais plus entrer dans mon réfléchissoir.