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simple friturier ; il a ses poëles au rez-de-chaussée et ses cabinets garnis au quatrième.

J’ai tant trotté, traîné, j’ai été si mal reçu, si mal jugé, depuis que je cherche des logements, que j’ai hâte d’en finir. Puisque j’ai deux pouces de marge, c’est tout ce qu’il m’en faut !…

« Je ne pourrai pas me promener, dis-je en riant.

— Ah ! si vous voulez vous promener, n’en parlons plus ! »

Il ne veut pas m’induire en erreur. Si je veux me promener, il me conseille de ne pas louer ce cabinet.

Je me gratte la tête pour réfléchir, — et aussi parce qu’elle me fait encore mal, — et je me décide.

« Vous dites neuf francs ? Mettons huit francs.

— Huit francs cinquante, c’est mon dernier mot.

— Tenez, voilà vingt sous d’acompte, je vais chercher ma malle. »


Avant de partir, nous causons encore une minute en bas, dans l’escalier, avec le friturier qui me félicite de ma décision.

« Je crois que vous serez bien, dit-il ; et puis, vous savez… si un soir… j’ai été jeune aussi, je comprends ça ; si un soir… (il cligne de l’œil et me donne un coup de coude), si un soir l’amour s’en mêle !… eh bien, pourvu que ma femme n’entende pas, moi je fermerai les yeux… »


J’ai apporté ma malle. Il y a une place dans un