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francs comme on vivait avant décembre. On ne vivait pas d’ailleurs. Il fallait s’endetter chez les fournisseurs d’Angelina, ou chez le père Mouton.

Je pourrais avoir crédit dans un hôtel du quartier latin.

Non. Pas de dettes !

J’ai trop souffert avec le compte Alexandrine.

D’ailleurs il me faudrait vivre près de ces fils de bourgeois qui n’ont ni passion ni drapeau. Je les méprise et je veux les fuir.

Je préfère me réfugier dans mon coin : travaillant le jour pour les autres, afin de gagner les quelques sous dont j’ai besoin en plus de mon revenu misérable ; le soir, travaillant pour moi seul, cherchant ma voie, méditant l’œuvre où je pourrai mettre mon cœur, avec ses chagrins ou ses fureurs.

Allons, Vingtras, en route pour la vie de pauvreté et de travail ! Tu ne peux charger ton fusil ! Prépare un beau livre !