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Il ne faudrait écouter personne.

Le courage me manque.

J’offre d’avancer le premier, de donner le signal. Je l’offre ! Je commanderai le feu en tête du groupe ; mais voilà tout… Et encore, je demande que l’insurrection soit prête derrière… moi ; que ce soit le commencement d’un combat !…

Je tiendrais Bonaparte sous ma main que je ne lèverais pas le bras, que je n’abaisserais pas l’arme si j’étais seul à avoir décrété la mort !…


J’ai voulu avoir l’opinion et l’appui de ceux qui font autorité, avant de confier aux intimes l’idée qui avait traversé mon esprit et me brûlait le cœur.

Puisqu’il n’y a rien à attendre de ce côté, rien que la peur, la pitié ou le soupçon, je vais retourner aux amis sans nom, mais sûrs et braves, et leur conter mon projet et mon échec.


Rock me répond comme on m’a répondu déjà :

« Cela ne servirait à rien, à rien !… N’y pense plus ! »

Mais il ajoute : « Il y en a de plus braves que ceux que tu as vus qui s’en occupent. On te préviendra. Ne tente plus de démarches, ne bouge pas !… Tu te ferais arrêter, et nous ferais peut-être arrêter aussi !… »

Ah ! il a raison !… Il n’est pas facile de tuer un Bonaparte !