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a ni ces hanches, ni ces remous en province… Au quartier latin non plus !

Et dire que je ne suis jamais venu m’asseoir sur un de ces bancs pendant tout le temps que j’ai habité autour du Panthéon ! Je regardais sauter, au Prado, des filles de vingt ans ; les promeneuses d’ici en ont trente. Je préfère leurs trente ans, et leurs reins souples, leur corsage plein et leur peau dorée.

Elles s’en vont une à une. Il y en a qui s’attardent un moment avec des hommes à tête de capitaines, après avoir dit à leur enfant : — « Va, va, fais aller ton cerceau. »

Les femmes de chambre aussi disent à leurs ouailles : « Faites à celui qui sera le plus tôt à la grille ! » — et tandis que les gamins courent, elles se retournent pour embrasser des moustachus.

Tout ce monde a l’air heureux et amoureux ! Oh ! je reviendrai et je tâcherai de retenir en arrière, moi aussi, une de ces robes de soie ou d’indienne…


J’ai dîné au café !

Un bifteck avec des pommes soufflées roulées autour, comme des boucles de cheveux blonds autour d’une tête brune.

Ici encore je retrouve des femmes qui parlent plus haut, qui rient plus fort que celles des Tuileries, qui ressemblent davantage aux filles du quartier latin, mais, dans cet éclat de lumières