Le ciel est si clair et il fera si bon marcher dans les rues ! Oui, sortons !
« Garçon, payez-vous ! »
Payez-vous : avec de l’argent qui n’est ni à la famille, ni à la communauté, ni à la maison Vingtras, ni à l’hôtel Lisbonne, avec cette belle pièce de cinq francs qui a de grosses sœurs blanches et de petites sœurs jaunes.
Il y a encore des roues de derrière par ici et dans cet autre coin quelques louis. Je suis sûr qu’ils y sont, car je tâte à chaque instant la place où dort ma fortune.
« Payez-vous, et gardez ces trois sous pour vous ! »
J’en ai une petite larme d’orgueil au bout des cils.
Un salut à madame Petray ; un dernier coup d’œil — jeté par pose — sur le journal, de l’air d’un homme qui regarde le cours de la rente ; un signe de tête au garçon ; et je m’esquive de peur d’incidents qui couperaient ma sensation dans sa fleur.
Tous les bonheurs !
J’achète un trois sous : blond, bien roulé, et qui donne une fumée bleue…
— La bouquetière ! Vite un bouquet !
Mes bottes reluisent et sonnent comme des bottes d’officier ; mon habit me va bien, on dirait.
Je vois dans une glace un garçon brun, large d’épaules, mince de taille, qui a l’air heureux et fort.