gent de la succession, mais me servira quarante francs par mois — plus cinq cents francs d’un coup pour m’habiller et m’installer à Paris.
J’oubliais ; on m’assurera pour un billet de mille ou quinze cents contre la conscription.
« Quand aurai-je ces cinq cents francs ?
— Dans huit jours. »
C’est long !…
Je commande des habits chez le tailleur en vogue.
Qu’ils soient prêts samedi, surtout !
Ils arrivent à l’heure, les cinq cents francs aussi.
Je les prends et je regarde mon père. Il tremble un peu.
« Tu vas donc me quitter en me haïssant ?
— Non, non… Vous voyez bien qu’il me vient des sanglots… mais nous ne pouvons vivre ensemble, vous m’avez rendu trop malheureux !… »
Adieu ! adieu !
Je ne suis pourtant pas parti encore ! Ma foi, de le voir pleurer, j’en ai eu le cœur attendri et j’ai tout pardonné !
J’ai passé avec eux la dernière soirée.
« Je vous paie le spectacle : voulez-vous ? »
Nous sommes allés au théâtre. Je les y ai menés en leur donnant le bras à tous deux.
Il me semblait que c’était moi le père, et que je conduisais deux grands enfants qui m’avaient sans doute fait souffrir, mais qui m’aimaient bien tout de même !