et plus crânement encore, par un collègue du lycée. Son fils aussi a crié publiquement : À bas le dictateur ! dans une ville de province, au Mans, je crois.
Qu’a fait le père ? Il a dit qu’il fallait pour cela que son fils eût perdu la tête, et il l’a fait empoigner et diriger sur l’hospice où l’on met les fous.
Au bout de deux mois on l’a délivré, mais sa sœur a été tellement émue d’entendre dire que son frère était fou qu’elle est tombée malade et va, dit-on, en mourir.
La peur courbe toutes les têtes, la peur des fonctionnaires nouveaux et des bonapartistes terrorisants ! Ils promènent la faux dans les collèges, et jettent sur le pavé quiconque a couleur républicaine.
Au dernier moment mon père a hésité cependant… mais mon bras est déjà guéri, mon rhumatisme envolé depuis longtemps, qu’on n’a pas encore payé ma dette de Paris.
J’en reparle. Je ne puis vivre avec cette idée, il me semble que je n’ai plus d’honneur.
Mon père, à la fin, me jette la nouvelle qu’il va payer ; mais il accompagne cette nouvelle d’observations amères, sanglantes, qui font de nous deux ennemis, et la vie va s’écouler sournoise et horrible dans la maison Vingtras. C’est comme avant mon premier départ pour Paris.
Je demande à m’éloigner… je vivrai au loin comme je pourrai… Ou bien veut-on me laisser entrer en apprentissage ici pour être ouvrier ?
« Toujours démoc-soc, n’est-ce pas ? Va-t’en dire au