Page:Vallès - Le Bachelier.djvu/153

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

XIII

APRÈS LA DÉFAITE

8 décembre.

Il y a trois jours que c’est fini…

Il me semble que j’ai vieilli de vingt ans !…

La terreur règne à Paris.

Renoul, Rock, Matoussaint, tous les camarades sont comme moi écrasés de douleur et de honte. On se revoit — mais en osant à peine se parler et lever les yeux. On dirait que nous avons commis une mauvaise action en nous laissant vaincre.

Qu’allons-nous devenir ?

Moi, je vais partir. Mon père m’a écrit qu’il fallait revenir — revenir sur-le-champ !

On prétend à Nantes que j’étais parmi les insurgés et que j’ai été blessé à une barricade. — Il est destitué si je n’arrive pas pour démentir ce bruit par ma présence.

Devant cette peur de destitution, je dois obéir, quoique cependant je sois malade.