dix-huit ans en redingote… dix des Écoles ! Que les Blouses viennent nous commander ! »
Je m’accroche aux habits, aux regards de mes camarades… Il paraît que je dis une folie. On me blâme, on me parle même avec colère.
« Tu commences par insulter ceux qui viennent avec nous.
— Je n’insulte pas. Je dis que c’est insensé de croire que la troupe sera fatiguée avant nous ; je dis que nos souliers seront usés, nos bas percés, nos talons mangés, nos voix cassées avant que les soldats aient une ampoule… — Fatiguer la troupe !… »
Le dégoût et la douleur m’étranglent.
On ne se battra pas !
Je reviens à Renoul et aux autres :
« Pour la dernière fois, je vous en supplie. Pas besoin de mot d’ordre ! Partons ensemble, prenons un bout d’étoffe rouge, arrachons ces rideaux, déchirons ce tapis et allons planter ça au premier carrefour ! Mais tout de suite ! Le peuple perd confiance, la troupe devient notre ennemie, Napoléon gagne du terrain à chaque minute qui s’envole, à chaque phrase que nous faisons, à chaque bêtise que dit cet homme, à chaque cri que je jette en vain !… »
On ne m’écoute plus ; on fait même autour de moi un cercle de fureur. J’ai trouvé le moyen d’exaspérer mes amis…